By Reghis Rabah * in Le Quotidien d'Oran
Le Legatum Institute
(LI), un organisme indépendant non partisan, basé à Londres publie
annuellement depuis six ans des idées pour la prospérité des sociétés dans le
monde.
Il part du principe
que pour progresser et être compétitif, un pays doit impérativement favoriser
la créativité.
Cette dernière ne
peut être que l'œuvre de l'Homme. Or pour devenir créateur l'Homme doit être
« heureux ». Comment donc en moyenne mesurer quantitativement le bonheur
d'une société et pouvoir juger de sa prospérité. Les experts de cet organisme
ont retenu 8 critères qu'ils estiment nécessaires pour que tout citoyen
trouve normalement son compte dans une communauté.
Il doit pouvoir
s'éduquer convenablement et faire de même pour sa progéniture, se soigner
dans les bonnes conditions ou du moins être confiant du système lorsque cela
s'avérera nécessaire, être protégé par des lois que tout le monde respecte et
s'appliquent équitablement. Il aspire à exister dans un système
économique qu'il comprend pour lui permettre de déterminer ses références et
d'être bien gouverné. Il peut entreprendre, si tel est son désir dans un
climat transparent et saint. L'homme normalement heureux doit pouvoir trouver
dans son environnement immédiat des opportunités car une société en panne
d'idées bloque la créativité. Enfin, il peut s'exprimer en toute liberté pour
se libérer de toutes les contraintes qui entraverait sa capacité de produire
des idées. Sur la base de ces indices notés de 1 à 5, parfois jusqu'à 10, le
Legatum Institute publie chaque année une carte.
Pour 2012, cette
dernière regroupe 142 pays étudiés en fonction de leur degré relatif de
prospérité. Il se trouve comme par hasard que la plus part des pays fortement
touchés par la crise économique mondiale se retrouvent au top de la
prospérité et ceux qui amassent des richesses en fonds souverains restent au
bas du classement. Le Canada, les Etats Unis, l'Australie, la France,
l'Allemagne, la Suède et la plus part des pays Européens sont considérés
comme performants à ce niveau.
Dans cette catégorie
de pays, la crise économique a contraint les habitants d'immigrer pour
satisfaire un besoin professionnel mais retournent en définitif dans leur
pays d'origine pour dépenser ce qu'ils ont gagné cat ils y trouvent leur
bonheur. Ces pays, grâce à leur bonne gouvernance ont vite identifié les
dysfonctionnements de leurs économies et donc savent où ils vont.
Ceci bien entendu
rassure les citoyens qui finissent par accepter les programmes d'austérité
pour atteindre les objectifs clairs et bien définis. Dans cette tranche, on
peut compter une trentaine de pays. Pour le reste des pays étudiés, le
Legatum les classe en cinq groupes avec chacun sa spécificité.
Le premier dont le
chef de fil reste la Chine, l'Arabie Saoudite, le Vietnam etc. disposent
d'une très forte croissance mais briment la liberté individuelle, ce qui
entrave le développement du processus créatif.
Le Chine par
exemple, deuxième puissance mondiale, disposant d'une manne financière qui
dépasse les 2000 milliard de dollars, c'est elle-même qui a déposé les neuf
premiers mois de l'année 2012 le plus grand nombre de brevets dans le monde,
n'a pas réussi un système performant de santé et d'éducation, les
statistiques très récentes donnent prés du 1/5éme de sa population illettrée
et qui ne parle ni écrit sa propre langue : le chinois. Le congrès du parti
unique, en cours actuellement pour définir les axes des 20 prochaines années
et désigner le président qui devra les mettre en œuvre, s'est sérieusement
interrogé sur la stratégie d'imitation en vogue en chine depuis son
redéploiement après la mort de Mao et qui commence à montrer ses limites.
Les membres du parti
se sont rendu compte maintenant qu'ils doivent réfléchir sur les voies et les
moyens pour favoriser la créativité s'ils veulent que leurs entreprises
restent compétitives. Le deuxième groupe à l'instar de l'Inde et le Mexique
ont une économie qui se construit solidement mais avec de sérieux problèmes
de sécurité. Bien que 3 filles sur 5 élèves au total réussissent leur cursus
éducatif, de nombreuses régions en Inde refusent l'émancipation de la femme
et la considèrent comme une charge pour la société.
Le troisième groupe,
conduit par la Russie et l'Iran soufre quant à lui d'un manque flagrant de
gouvernance malgré un très bon niveau d'éducation de la population.
La Russie par
exemple, continue à cultiver le syndrome du pouvoir par la détention d'un
arsenal d'armement. Elle vient de programmer un achat sur cinq ans pour plus
de 800 milliards de dollars d'armement pour entretenir une guerre froide avec
la communauté européenne. Pourquoi et dans quel but ? : Seul Poutine le sait.
Le quatrième groupe
comprenant les pays comme le Soudan et Liberia dans lesquels le capital
social compense la mauvaise gouvernance mais toute la population s'accommode
de l'ordre établi où chacun trouve son compte. Enfin, le dernier group
composé de pays comme le Haïti, le Pakistan, la Guinée, le Yémen, le Togo
l'Iraq etc. ont des indices les situant de très loin de la prospérité.
Ces indices qui
différent de ceux classiques comme le PIB et le PNB, ont pour ambition de ne
pas se limiter à la mesure de la richesse mais aussi le bien être de la
population d'un pays. L'Algérie avec une économie fragile, un système
éducatif en perpétuel tripotage, des hôpitaux à l'abandon et une mauvaise
réputation de son climat des affaires, où devrait- elle y être ???
* Consultant,
Economiste Pétrolier
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