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jeudi 9 juin 2011

Une note d'optimisme pour les elections Tunisiennes: QUELQUES MOIS DE PLUS POUR UN BON DEPART

par M. Saadoune in le Quotidien d'Oran

L'élection d'une assemblée constituante en Tunisie, initialement prévue pour le 24 juillet, a été reportée au 23 octobre 2011. L'annonce faite hier par le Premier ministre de transition, Béji Caïd Essebsi, met fin à des polémiques inutiles entre partisans du report et ceux qui sont pour le maintien.

 La commission électorale ayant annoncé qu'elle ne pouvait tenir les élections à la date prévue, le gouvernement se retrouvait devant un dilemme clairement expliqué par Essebsi : «revenir à des élections organisées par le ministère de l'Intérieur et retomber dans les tares de l'ancien régime, ou garder la commission : nous avons donc décidé de la garder».

 Le gouvernement de transition, qui souhaitait que les élections aient lieu à la date du 24 juillet, a fait le bon choix. Même si cela peut déplaire aux chefs d'entreprises qui auraient voulu rapidement un gouvernement légitime afin de répondre aux contestations sociales qui prennent, selon eux, une tournure illégale et menacent la pérennité des entreprises.

 Il est vrai que l'économie tunisienne peut souffrir d'une transition trop longue, mais l'enjeu pour la Tunisie est de se doter des moyens de mettre en place de nouvelles institutions dont la légitimité ne sera pas contestée. C'est tout simplement d'un retour à la stabilité dans des conditions nouvelles dont il est question. Il s'agit donc de ne pas rater le nouveau départ en raison des calculs des uns ou des craintes des autres.

 Les premières réactions montrent une acceptation générale de ce report, y compris chez le mouvement islamiste Ennahdha, qui voulait que l'on respecte la date du 24 juillet. Le mouvement Ennahdha, en application de son propre mot d'ordre qui veut que le «consensus» soit la seule « légitimité» durant la transition, a fini par l'accepter. Au fond, il y a intérêt.

 Il n'est pas un secret que d'autres courants politiques craignent une victoire des islamistes. Ne pas tenir compte de l'argument de l'impréparation invoqué par certains des partis politiques aurait prêté le flanc à une contestation postélectorale risquée. Il faut donc se féliciter que les partis politiques tunisiens aient accepté ce report.

 La Tunisie, qui traverse une période très délicate, n'avait pas besoin de se créer un motif de complication supplémentaire. Entre juillet et octobre, cela ne fait que quelques mois de plus qui pourront être mis à profit pour une meilleure préparation des acteurs politiques. Une assemblée constituante a pour mission de donner au pays un cadre juridique et politique pour le fonctionnement démocratique des institutions.

 Le processus en cours en Tunisie intéresse au premier chef les Tunisiens, mais il concerne l'ensemble d'un monde arabe où les systèmes politiques sont frappés d'obsolescence. Les Tunisiens se donnent quelques mois de plus pour rassurer l'ensemble des acteurs et créer les conditions nécessaires à une élection transparente.

 Ce n'est pas du temps perdu pour un pays qui négocie un nouveau départ. Et un nouvel élan dont les effets se feront ressentir durablement au Moyen-Orient et au Maghreb.