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dimanche 13 mars 2011

" Connaîtrons-nous la démocratie ? Ce que j'en pense..."

By Abdelaziz Rahabi in LematinDZ.net

Primo : Historiquement la responsabilité incombe à une partie du commandement de l’ALN et à ceux qui ont confisqué l’indépendance, pour installer un système sous la forme d’un pouvoir personnel et autoritariste d’un Ben Bella non préparé à cette haute responsabilité portée par l’une des plus prestigieuse révolution populaire du 20 ème siècle.
Secundo : la responsabilité est partagée par Boumediene qui a cru utile -pour consolider son pouvoir - mettre en opposition la gauche et les courants conservateurs dans la société pour se poser comme l’arbitre dans tous les débats idéologiques de l’époque . Ce statut a fait de lui la pièce incontournable du système mais a porté préjudice dans la société aux forces du progrès présentées injustement comme hostiles et incompatibles avec les préceptes de notre religion. Ce schéma a été reproduit par Bouteflika. Il peut encore jouer ce rôle d’arbitre parce qu’il ne s’était pas impliqué dans la crise des années 90 .Cela a d’ailleurs été déterminant dans le choix porté sur lui par le commandement de l’armée en 1998 .Une sorte de prime au silence payante d’ailleurs et qui inspire aujourd’hui beaucoup d’hommes politiques y compris au sein des courants des libertés et de la démocratie.
Tertio : La diabolisation des valeurs démocratiques dans la société a beaucoup desservi les espoirs d’une transition vers un système démocratique .Il y a chez nous une sorte de simplification chaotique : le démocrate est contre l’islam, le nationaliste est anti démocrate et l’islamiste est anti nationaliste et anti démocrate. Non seulement nous avons injustement catégorisé la société mais de surcroit nous avons mis les algériens entre eux en opposition constante et dynamique. Deux éléments au moins y ont participé : les pouvoirs successifs ont joué les craintes des uns contres les préjugés des autres .Les courants conservateurs chez nous ne tirent pas leur inspiration du corpus spirituel de notre rite malékite tolérant et ouvert ni des modèles malaisien qui a réussi ou turc qui s’impose ou encore iranien qui a intégré l’islam dans sa culture persane mais des référents les plus archaïques comme l’Afghanistan ou plus grave encore de modèles abstraits dans lesquels le charlatanisme le dispute à l’ignorance.
Quarto : Alors pourquoi l’atomisation de la mouvance démocratique ? Il est difficile de le dire en peu de mots mais il faut admettre qu’il n’est pas facile d’agir dans un pays où le seul espace de liberté se réduit à quelques titres de la presse écrite. A contrario ceux qui ont un potentiel de nuisance (AIS, Hattab ,Layada..) s’imposent comme des interlocuteurs privilégiés du pouvoir politique. Les démocrates réclament une totale transparence dans la gestion de la chose publique et ceci fait peur à tous les niveaux du pouvoir politique économique et administratif gangréné par la corruption l’incompétence et le régionalisme. Enfin les prétentions de leadership et la présence strictement occasionnelle des plus visibles représentants de ce courant ont réduit leur impact sur la société et sur la vie de la nation. Je pense que le combat s’inscrit dans une perspective stratégique et cela réclame beaucoup d’abnégation une présence continue et vigilante et de la patience. Est-il possible de parler d’échec dès lors que le projet moderniste- pour reprendre l’expression d’un internaute - n’a pas eu l’opportunité d’être proposé à la société.
La plate forme de la Soummam (…l’instauration d’une république démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens…) est un projet qui était en avance non seulement sur son temps ce qui est naturel mais également sur le nôtre ce qui est paradoxal .Il prônait l’instauration d’un modèle de société dont on en rêve encore un demi-siècle plus tard.