Où trouver la croissance ? En Méditerranée
Le Bassin Méditerranéen, un réservoir de croissance et de solidarité
(Quel titre choisir ?)
La crise financière est "une chance". Au-delà des problèmes de liquidités interbancaires à assurer et des institutions financières à consolider, il va apparaître très rapidement que les réformes institutionnelles ne seront pas suffisantes pour la relance de l'économie mondiale.
Les moteurs de la croissance passée de l'économie réelle qui étaient basées sur le surendettement des ménages américains, les déficits budgétaires des pays occidentaux et les rattrapages de croissance de l'Asie, ont trouvé leur limite.
Les moteurs de la croissance passée de l'économie réelle qui étaient basées sur le surendettement des ménages américains, les déficits budgétaires des pays occidentaux et les rattrapages de croissance de l'Asie, ont trouvé leur limite.
Au mieux, nous aurons trouvé bientot des solutions techniques aux problèmes de la sécurisation et de la fluidité de la circulation des monnaies.
On aura peut etre meme trouvé un consensus politique pour réformer le FMI, la Banque mondiale, ce qui supposera sans doute de partager, pour la premiere fois, l’ecriture des regles mondiales avec de nouveaux acteurs, et pas seulement en Asie ; mais on s'apercevra que ce n'est pas suffisant.
Où sont donc les réservoirs de croissance de l'économie réelle et du développement durable de demain ?
- d'une part- dans le changement de mode de croissance et le changement de mode de consommation en prenant en considération l'équilibre écologique du monde,
- d'autre part dans une nouvelle vision de la géographie et des espaces de solidarité : Les Etats-Unis ont un réservoir de croissance limité ; l'Europe vieillit et n'assure pas suffisamment le relais. Les pays de l'Est avancent à un bon rythme, mais insignifiant sur la croissance mondiale ; les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) doivent fuir la surchauffe et repenser en terme soutenable leur développement. Reste la grande région du monde que constitue l'Euro-Afrique avec le Bassin méditerranéen comme pivot,d’autant que les nouvelles autoroutes de la mer, marchandises et gazse croisent en mediterranee et font de celle-ci un Hub majeur pour le 21e siecle.
A l'évidence la Méditerranée peut ouvrir a l'Europe des espaces de croissance et réciproquement l'ancrage des pays du Sud à une Europe forte peut constituer une solution d'avenir. Deux domaines, celui de la solidarité dans le travail et celui des solidarités des comptes sociaux justifient à eux seuls cette perspective de développement partage au niveau du Bassin méditerranéen.
La Solidarité dans le domaine de l'économie réelle constitue une chance pour les deux rives.
Il faut accepter que les frontières économiques de l'Europe soient transférées au Sud du Maroc, au Sud de l'Algérie, de la Tunisie, de la Libye et au sud de l'Egypte.
Il faut considérer qu'en 2040, la Méditerranée sera peuplée d'environ 1 milliard d'individus, moitié au Nord, moitié au Sud. Cela fait une masse critique permettant de compter face à la Chine et aux Amériques.
Il faut admettre que tout ce qui manque à l'Europe : l'énergie, les marchés, la main-d'œuvre, on le trouve au Sud et que réciproquement tout ce qui manque au Sud : la gouvernance, les brevets, les modes d'organisation, on les trouve sur la rive nord.
Cette solidarité passe par un redéploiement de tous les appareils de production. Ne plus parler de délocalisation mais de multi-localisation. Les pays de la rive Sud de la Méditerranée ne peuvent plus se satisfaire d'être considérés comme des simples marchés de consommation ou comme des lieux d'extraction de matières premières ou comme des lieux de délocalisation des industries à faible valeur ajoutée (chaussure, textiles, carrelages...) Il faut créer au sud des "Champions" ; faire revenir au plus tôt les cadres nord-africains qui se sont expatriés au Canada, en Europe. Il faut créer un modèle à l'Indienne avec des pôles de compétitivité dans les domaines de la pétrochimie, de l'agroalimentaire, des nouvelles technologies et de la santé. Cela passe par un déploiement de tous les systèmes productifs dans ce nouvel espace euro-méditerranéen enfin intégré.
Cette solidarité dans la production ne peut avoir que des conséquences très positives sur la croissance et le développement des emplois sur l'ensemble du continent européen.
Au-delà, les comptes sociaux des Européens pourraient être profondément et durablement équilibrés.
La solidarité Nord/Sud des comptes sociaux des pays permettrait un équilibre général et durable.
S'il y a des multi-localisations dans cet espace euro-méditerranéen, il est normal que les prélèvements sociaux des deux rives soient mutualisés. Plutôt que de déplacer des travailleurs maghrébins qualifiés ou non, il est plus sain de localiser la création de valeur ajoutée sur les deux rives de la Méditerranée. L'entraînement des économies du Sud aura un effet multiplicateur considérable sur les économies du Nord. Plus les pays du Sud vont se développer plus ils vont se porter acquéreurs des biens d'équipement, des savoir-faire, des brevets, des compétences en matière de recherche, etc... des pays de la rive Nord. Si nous savons mutualiser les prélèvements sociaux, le travail du Sud pourrait financer les retraites du Nord et les comptes santé pourraient être équilibrés au Nord comme au Sud.
Le new deal de 1929 ne peut être que repensé à cette nouvelle échelle géographique de l'Euro Méditerranée. Tel est le projet fondamental qui justifie l'Union pour la Méditerranée
On se rend compte que la reprise de croissance n'est possible que si, en outre, au moins deux conditions sont réunies :
- la réforme du système financier international (en cours) sans oublier d'inclure la BRI.
- la réforme de l'OMC qui n'est que le miroir des égoïsmes des nationaux et ne permet pas suffisamment aux solidarités régionales de s'exprimer.