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vendredi 18 mars 2011

Algérie : Les dés sont enfin lancés ....

Bouteflika de plain-pied dans l'histoire
Hocine Adryen in le Jeune Indépendant du 9 Mars

Ce début de mois de mars 2011, qui voit la vie politique marquer une certaine pause, après les semaines agitées, est aussi l’occasion de se préparer à de nouvelles échéances. Ce mois de mars a été marqué par l’ouverture de la session parlementaire et le discours prononcé à cette occasion par le président de l’Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, qui a exprimé sa hantise d’une probable abstention électorale. Ce dernier a tenu des propos en demi-teinte, plaidant certes pour la démocratie et le pluralisme, mais renvoyant dos à dos la plupart des acteurs politiques auxquels il a reproché leur ton trop rigide et leur incapacité à se parler posément.  

Pour surmonter ce problème récurrent, le chef de l’Etat devrait appeler à une élaboration consensuelle de la prochaine Constitution, en demandant que toutes les sensibilités de la société puissent participer à l’entreprise.

La première interrogation posée aux initiateurs a été de répondre d’abord à cette lancinante question : comment passer à moindres frais de la première République née en 1962 et qui a donné naissance à un système politique hybride, désorganisé et totalement réfractaire aux libertés publiques, à une seconde ? Deux visions s’affrontent.

Cette fracture se retrouve logiquement entre les différents think tanks mis en place dans le plus grand secret depuis une année. Ceux-ci entament donc une nouvelle bataille pour promouvoir leurs priorités, leurs objectifs et faire valoir leurs craintes.

Au sein de ces «laboratoires de pensée» s’exprime un sentiment d’urgence, censé inciter, stratèges et responsables politiques, à prendre la mesure des «véritables» problèmes politiques d’abord, économiques et socioculturels ensuite.

Si aujourd’hui encore le pouvoir n’a rien cédé sur le plan politique et démocratique, hormis la levée de l’état d’urgence, l’agenda politique mis en place et approuvé par le président Bouteflika est plus qu’ambitieux.

Première échéance cruciale : l’organisation d’élections législatives anticipées;

La première mesure politique que le président Bouteflika devrait annoncer concerne la tenue cette année d’élections législatives anticipées, prélude à la future Constituante de l’Algérie. La date précise pour la tenue de ces élections n’a pas été tranchée. Deux options s’offrent au pouvoir algérien : le mois de juin ou le mois de septembre prochains.

Selon une source proche du dossier, le président Bouteflika «doit préparer l’Algérie à un véritable changement politique et constitutionnel avec la participation de l’ensemble de la classe politique et des personnalités nationales telles que Aït Ahmed, Mehri et Hamrouche.

Le pays doit arriver à faire naître la deuxième République algérienne. La première République qui a pris le pouvoir en 1962 a échoué dans son entreprise. Le GPRA et la Constituante ont été dissous par les partisans du KO. Donc, il faut revenir à une Constituante qui devrait élaborer une nouvelle Constitution pérenne et non conjoncturelle 6 mois avant – chaque président élabore la sienne –, la dissolution du Parlement, du Conseil de la nation et de toutes les instances élues et enfin un gouvernement de transition chargé de mettre en œuvre les structures projetées, dont la préparation des élections, locales, législatives et une élection présidentielle. L’élection présidentielle pluraliste devrait être annoncée pour le 5 juillet 2012, date de naissance de la deuxième république démocratique et sociale!».

L’ÉLABORATION DE LA CONSTITUANTE ET L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2012 EN POINT DE MIRE

Comme pour la première question citée plus haut, les avis divergent : il y a ceux qui soutiennent que le président Bouteflika doit continuer au-delà de l’échéance 2012 et préparer l’élection présidentielle de 2014 et ceux qui veulent un départ en 2012 après l’annonce de la tenue de l’élection présidentielle anticipée.

Selon notre source, le pouvoir en place semble apprécier la position et les propositions du FFS qui a réussi une grande première la semaine dernière :

«Il est revenu au temps de la mobilisation maghrébine. Le changement dans un seul pays est non productif dans cette grande ère de mondialisation. C’est le PPA, MTLD, OS et FLN (1954-62) qui ont préparé la Révolution, rassemblant le peuple jusqu’à l’indépendance en 1962. Les despotiques ont récupéré l’élan nationaliste en confisquant l’indépendance, poussant les nationalistes et indépendantistes à fuir le pays, alors que d’autres ont été emprisonnés, poussés à l’exil et assassinés. Le GPRA a été empêché d’asseoir les structures de l’indépendance, la Constituante dissoute par Ben Bella.

Aujourd’hui le FFS qui n’a jamais abandonné ses luttes pacifiques, des personnalités nationales et historiques en association avec d’autres personnalités et hommes politiques sincères, peuvent constituer le nœud gordien de la renaissance nationale.

Un profond changement politique, économique, constitutionnel est nécessaire aujourd’hui. Une Constituante reste le plafond nécessaire du changement, toutes les sensibilités nationales, y compris des représentants du pouvoir, des jeunes doivent s’associer pour appeler à la refondation nationale, et la naissance de la deuxième République.

Il faut aussi revoir les démarches actuelles et assainir les partis politiques. Le FLN actuel ne doit pas être encore souillée. C’est un patrimoine national à maintenir en dehors du jeu politique.

Un ordre juridique nouveau doit être élaboré sur la base des principes de la future Constituante. Les partis politiques seront admis sur la base de nouvelles procédures en conformité avec les principes de la Constituante. Il faut aussi insister sur l’interdiction de partis politiques religieux et confessionnels.

L’État doit être un État civil, pacifique et démocratique. La Constituante doit rester le ciment du peuple et éloigner des querelles politiques de base.

La question des langues doit être aussi traitée avec attention : la langue arabe, la langue amazighe et les langues étrangères».

Les initiateurs du projet de refondation insistent également sur la mise en place d’un gouvernement de transition nationale constitué par l’ensemble des formations politiques. Sa seule mission est de réaliser des élections locales, législatives et présidentielles dans la transparence totale : «cette transition qui débutera à brève échéance de mars-avril 2011 à juillet 2012, soit 15 mois, débouchera sur la naissance de la seconde République algérienne démocratique et sociale, et non démocratique et populaire, comme annoncé dans la déclaration du 1er novembre 1954» soutiennent-ils.