lhttp://www.maghrebemergent.info/economie/78-idees/2088-document-lettre-des-entrepreneurs-au-chef-de-letat-au-sujet-du-rejet-des-lettres-de-credit-de-pl.html
(in http://www.maghrebemergent.info/)
La banque d’Algérie a instruit en décembre dernier les banques de ne plus pratiquer les lettres de crédit à paiement différé, accusés de gonfler la dette à court terme du pays. Elles ont obtempéré. Les lettres de crédit à plus de 60 jours sont refusées. Une contrainte de plus qui met la trésorerie des entreprises au bord du gouffre selon un courrier d’un groupe de patrons, adressé au président de la république dont le texte intégral est accessible à la rubrique Idées.
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La banque d’Algérie a instruit en décembre dernier les banques de ne plus pratiquer les lettres de crédit à paiement différé, accusés de gonfler la dette à court terme du pays. Elles ont obtempéré. Les lettres de crédit à plus de 60 jours sont refusées. Une contrainte de plus qui met la trésorerie des entreprises au bord du gouffre selon un courrier d’un groupe de patrons, adressé au président de la république dont le texte intégral est accessible à la rubrique Idées.
Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, dont Maghreb Emergent a obtenu une copie, un groupe de chefs d’entreprises s’alarme du fait que les banques refusent depuis un mois d’ouvrir des lettres de crédits supérieurs à 60 jours. Il s’agit de la mise en application d’une instruction de la Banque d’Algérie révélée par Maghreb Emergent. L’instruction en question, adressée aux banques et établissements financiers, constatait « une croissance à un rythme non souhaitable » de l’endettement à court terme de l’Algérie et les invitait « à prendre toutes les dispositions pour réduire ce type d’engagement ». Sans l’indiquer directement, l’Institut d’Emission signifiait implicitement aux banques de juguler la tendance au recours au crédit documentaire a paiement différé. Les banques commerciales ont donc obtempéré en refusant dorénavant d’ouvrir des lettres de crédit avec différé supérieur à 60 jours. Pour des entreprises algériennes déjà pénalisées par un environnement de marché peu favorable, la position des banques impacte directement des trésoreries structurellement tendues des entreprises. Les entrepreneurs en question critiquent, dans leur lettre, l’instruction sur le fond en soulignant que l’apparition d’un accroissement de la dette à court terme est « la conséquence mécanique de l’instauration de la lettre de crédit comme seul moyen de paiement des importations ». Les chefs d’entreprises s’étonnent que les autorités monétaires semblent découvrir cet effet en « décembre 2010 alors que celui ci était prévisible dès la promulgation de la LFC 20009 ».
Une dette « hors bilan » devenue visible
En outre, les chefs d’entreprises à l’initiative de ce courrier estiment que cet accroissement de la dette à court terme n’exprime pas une détérioration de la situation financière de notre pays. Avant, c'est-à-dire avant l’imposition du Credoc, « lorsque qu’une entreprise payait à 90 jours ou 120 jours son fournisseur, cette dette n’apparaissait pas dans les agrégats de la Banque d’Algérie. Elle était « hors bilan ».
C’est donc, expliquent-ils, logiquement, la généralisation de la lettre de crédit qui « a fait apparaitre ces dettes. Il n’y a donc aucun changement économique fondamental. Il s’agit juste d’une dette qui était « hors bilan » qui apparait aujourd’hui au « bilan » de l’Algérie ». Pour les entrepreneurs, la circulaire de la Banque Centrale accentue gravement les difficultés des entreprises au point que nombre d’entre elles seront contraintes de mettre la clé sous la porte à brève échéance. Un correctif bureaucratique, l’interdiction du crédit documentaire à plus de 60 jours, vient aggraver l’imposition de la lettre de crédit comme moyen de règlement exclusif des importations, mesure tout aussi bureaucratique. L’explication très pédagogique du groupe de patron (voir la lettre ci-dessous) montre que la réponse du gouvernement à l’accroissement des importations détermine l’accroissement injustifié des besoins en fonds de roulement des entreprises et frappe de manière indiscriminée les importateurs de produits destinés à la vente en l’état et les producteurs qui achètent à l’étranger une partie de leurs intrants. Les producteurs sont les plus fortement pénalisés par des mesures dont visiblement personne n’a évalué les implications.
Vers la disparition d’entreprises…
Au delà de leur caractère inflationniste évident, la conjugaison de la Loi imposant le crédit documentaire et de la circulaire de la banque d’Algérie le contingentant pour des raisons essentiellement statistiques, entraine la disparition d’entreprises incapables d’assumer les tensions financières administrativement provoquées, réduisant la concurrence et concentrant l’importation entre un nombre réduit d’acteurs.
Les seules à se frotter les mains, mais cela le patronat préfère ne pas le dire, sont les banques étrangères qui engrangent de très juteuses commissions sur crédit documentaire. Une frange du patronat s’insurge donc contre l’encadrement du crédit documentaire édicté par une circulaire qui n’a fait l’objet d’aucune publication officielle. Les effets sur l’économie de mesures prises sans concertation ni évaluation sérieuse illustre s’il en était encore besoin la faiblesse d’une gouvernance économique qui exclut les compétences réelles.